Le Sport Scolaire en France:

UNE EXCEPTION CULTURELLE ET UNE SPECIFICITE SCOLAIRE, DEFENDUE PAR LES ENSEIGNANTS D’EPS DEPUIS 1890 !

Dés 1890, la circulaire Léon Bourgeois (futur prix Nobel de la paix en 1920) permet la création d’associations sportives scolaires pour la pratique du sport, à l’initiative des élèves.

Les circulaires de 1923 officialisent les AS scolaires en établissant un statut type sur la base de la loi de 1901 ; de plus, elles créent des CSA (Comités Sportifs d’Académie) composés des recteurs, de chefs d’établissements et de représentants des fédérations sportives, qui auront pour tâche d’organiser les compétitions scolaires, d’en déterminer les conditions d’accès et de susciter la création des AS.

En 1931, l’OSU (Office du Sport Universitaire) est créé par les étudiants de l’UNEF (Union nationale des Etudiants de France) qui décident de promouvoir leur propre sport “ amateur, correct et éducatif ” en dénonçant par là même le développement du professionnalisme sportif et de l’amateurisme marron.

En 1938, l’OSU évolue en OSSU (Office du Sport Scolaire et Universitaire) sous l’impulsion du Ministre de l’Education Nationale,  Jean ZAY, qui a la volonté de donner les moyens d’une politique sportive scolaire et de contrôler cette activité.

En 1939 on compte prés de 600 AS, 20 000 licenciés et plus de 600 enseignants d’Education physique. Ces derniers prennent la direction des « Comités locaux de l’OSSU » qui remplacent les CSA.

Dans le  contexte économique difficile d’après guerre, l’Etat fait le choix politique de renforcer le sport scolaire en l’institutionnalisant et en lui fournissant un encadrement stable, permanent et qualifié sur tout le territoire. Ainsi, l’ordonnance du 12 octobre 1945 rend la création obligatoire d’une AS présidée par le chef d’établissement dans tous les établissements du second degré. “…le sport pratiqué par les élèves fréquentant un établissement apparaît comme le prolongement de l’éducation physique et de l’initiation sportive figurant au programme d’enseignement. »

Le décret du 25 mai 1950 prévoit ensuite que chaque enseignant d’EPS devra trois heures de son service hebdomadaire normal à l’encadrement des activités de l’AS de son établissement.

Au cours d'une réunion en date du 27 juillet 1956 a été constituée une association dite "Office du Sport Scolaire et Universitaire" publiée au Journal Officiel de la Nouvelle Calédonie et Dépendances. Albert DROUET, professeur d'Education Physique est nommé directeur. Sur le territoire, l'OSSU évolue en "ASSU" le 13/03/1969 puis en "UNSS-NC" le 7 mars 1979.

Conséquence normale de ces décisions : l’OSSU compte en 1960, 4 000 AS et 228 000 licenciés.

En 1960, le gouvernement de la Ve République, représenté par le Haut commissaire à la Jeunesse et aux Sports, Maurice Herzog, démet de ses fonctions le directeur de l’OSSU, Jacques FLOURET, et crée en 1961, l’ASSU. La volonté du pouvoir en place de faire de l’EPS et du sport scolaire des instruments de détection et de formation d’une élite sportive qui participe à la grandeur et au prestige de la France dans le monde est contestée par les enseignants d’EPS qui cherchent à relier le sport scolaire aux finalités « pédagogiques » de l’EPS.

En 1962, la demi-journée de plein-air est transformée en demi-journée de sport. La pratique des sports se généralise en EPS mais l’enjeu pédagogique pour les enseignants est bien de trouver des formes de pratiques qui « dépassent le modèle fédéral et qui n’en ont pas les inconvénients » (organisation d’interclasses, mise en place d’arbitres-élèves, intégration des filles, rencontre de masse). En 1963, l’Education Physique passe sous l’égide du Secrétariat d’Etat à la Jeunesse et aux Sports.

Les années 70,  sont caractérisées par une période de crise économique qui pousse successivement les trois secrétaires d’Etat à la Jeunesse et aux Sports à rechercher des  « formules économiques ». On propose donc (Comiti), dès 1969, aux enseignants d’EPS de prendre l’AS en vacations (moins onéreuses) au lieu du forfait de 3h. Ce seront ensuite des heures supplémentaires qui seront proposées pour l’animation de l’AS (Mazeaud); mais 90% des enseignants conserveront le forfait. Point d’orgue de ces attaques, le plan Soisson du 31 août 1978 réduit autoritairement le forfait AS de 3 à 2h. Dans tous ces cas, et avec d’autres décisions touchant à la qualification des enseignants et aux exigences en termes d’horaires obligatoires, on cherche à économiser et à gagner des heures d’enseignement au détriment du sport scolaire.

En 1975, l'ASSU se scinde en UNSS (Union Nationale du Sport Scolaire) et FNSU (Fédération Nationale du Sport Universitaire)

En 1981, l’Education Physique est réintégrée au ministère de l’Education Nationale, le forfait UNSS de 3h est rétabli.

La “ Loi sur le sport ”  du 16 juillet 1984 confirme l’obligation d’existence d’une AS dans tous les EPLE. Le forfait AS/UNSS est maintenu à 3h pour tous les enseignants.

En 1986, décret des nouveaux statuts de l’UNSS : « L'association dite Union Nationale du Sport Scolaire (UNSS) a pour objet d' organiser et développer la pratique d'activités sportives, composantes de l'éducation physique et sportive et l' apprentissage de la vie associative par les élèves qui ont adhéré aux Associations Sportives des établissements du second degré. … » (Article premier des statuts de l'UNSS, décret du 13/3/1986.)

 En 2001, « le rapport LEBLANC » préconise de refondre de nouveaux statuts pour les AS et pour l’UNSS (séparation en deux instances : d’un côté une fédération sportive à l’image des fédérations délégataires, de l’autre les conseils du sport scolaire regroupant les partenaires et institutionnels) et projette d’abandonner la présidence de l’AS par le chef d’établissement. Une nouvelle fois les enseignants d’EPS avec le soutien des fédérations des parents d’élèves se mobilisent et obtiennent le retrait du projet.

Ce survol historique de 120 années de sport scolaire montre une construction progressive d’un outil original, riche, spécifique, que l’on peut considérer comme une exception culturelle. Ainsi, l’UNSS a sans cesse différencié ses pratiques en intégrant de nouvelles modalités sociales et en tenant compte des nouvelles finalités scolaires.

Aujourd’hui, avec plus d’un million de licencié(e)s dont 40% de filles, 95 000 jeunes officiels, une présence forte dans les ZEP et dans les zones rurales, le sport scolaire est passé d’une mission de sélection de l’élite sportive à des missions éducatives , notamment citoyennes.

Instrument de politique sportive, l’UNSS est devenue un instrument de politique d’établissement.

La circulaire du 18 août 2010 réaffirme que « le sport scolaire est une des composantes de la politique éducative de notre pays, au service de la réussite, de la responsabilisation, de la santé et du bien-être des élèves. En complément de l'enseignement de l'éducation physique et sportive (EPS), il offre à tous les élèves volontaires la possibilité de pratiquer des activités physiques et sportives dans le cadre de l'association sportive scolaire.» (Développement du sport scolaire- circulaire n° 2010-125 du 18-8-2010)